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À Québec, Crozes-Hermitage brille dans les étoilés

À Québec, Crozes-Hermitage brille dans les étoilés

Les vins rouges et blancs de l’appellation française figurent à bonne place non seulement sur les cartes de la première génération d’étoilés de la Vieille-Capitale mais aussi dans les cœurs des chefs et sommeliers québécois, comme ils l’ont confié à Karyne Duplessis Piché. 

Plus d’étoilés à Québec  

Les chefs du Québec attendaient depuis longtemps l’arrivée des étoiles du Guide Michelin, mais ils les appréhendaient aussi. La sélection, dévoilée en juin 2025, a ravivé la compétition entre Québec et Montréal. Les chefs de la Vieille-Capitale ont récolté plus d’étoiles que ceux de la Métropole. Pourtant, le résultat n’a pas surpris la communicatrice culinaire Allison Van Rassel : « Les chefs de Québec sont d’excellents techniciens en cuisine et ils sont très ferrés en gastronomie française, explique-t-elle. C’est ce que le guide reconnaît. Est-ce que ça veut dire que Québec a une meilleure cuisine que Montréal ? Absolument pas. Ça reconnaît le savoir-faire en cuisine ! ». Et sans doute en vin également...  

La syrah, cartes sur table 

Sans surprise, la carte des vins des restaurants de Québec accorde une belle place aux vins français. C’est le cas au Laurie-Raphaël. Cette institution, située dans le Vieux-Port de Québec, propose plus de 750 bouteilles provenant des quatre coins de la planète viticole. Selon le sommelier, Julien Dallaporta, il est impossible de ne pas avoir du Crozes-Hermitage sur sa carte : « Cette appellation fait partie des grands classiques, dit-il. Quand on commence à étudier la Vallée du Rhône, on finit forcément avec un verre de Crozes-Hermitage à la main. » Un peu plus loin, cachée dans les rues étroites du Vieux-Québec, La Tanière est le seul de la province à avoir décroché deux étoiles Michelin. Le menu, tout comme les vins servis, est dévoilé au dernier instant aux clients. Le sommelier et responsable de la carte des vins, Jonathan Ross, affectionne particulièrement ceux de Crozes-Hermitage. Selon lui, ces vins offrent un excellent rapport qualité-prix à ses clients : « Crozes-Hermitage est une valeur sûre, un bel atout sur une carte des vins. On goûte la syrah cultivée sur son terroir d’origine, le nord de la Vallée du Rhône, mais à un prix doux », explique-t-il. 

Accords de personnalités 

La sommelière Caroline Beaulieu sélectionne les bouteilles servies au restaurant Légende, un autre étoilé établi dans le Vieux-Port. Au-delà du bon rapport qualité-prix, la sommelière juge que cette appellation produit des vins rassembleurs : « Autour d’une table, ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes goûts ni qui mange le même plat, observe-t-elle. Avec un Crozes-Hermitage, on se trompe rarement. » Le chef propriétaire du Arvi, le restaurant étoilé du quartier Limoilou, Julien Masia, partage son avis. Il affectionne tout particulièrement les blancs de la vallée du Rhône nord. La marsanne et la roussanne offrent aux clients une expérience nouvelle. Selon le chef, ces cépages produisent des blancs avec beaucoup de texture qui s’harmonisent à merveille avec des plats gastronomiques. En effet, en blanc comme en rouge, les Crozes-Hermitage possèdent assez de personnalité pour tenir tête à la créativité et à l’audace des chefs, estime le sommelier Jonathan Ross, à La Tanière : “Crozes-Hermitage c'est le respect du terroir, une histoire et une tradition. C’est une option qui, je crois, devrait toujours être une carte des vins”. Que ce soit un restaurant moins dispendieux ou un étoilé. » Reconnue pour sa structure en bouche, la syrah est souvent servie avec de la viande rouge. Or, au restaurant Arvi, Julien Masia recommande d’essayer un plat de lapin nappé d’une sauce au chocolat, de type mole, avec un rouge de Crozes-Hermitage. Au Laurie-Raphaël, Julien Dellaporta croit que la polyvalence des vins de Crozes-Hermitage permet de marier la syrah avec des plats végétariens, par exemple, lorsqu’ils sont servis avec une sauce fumée et corsée.  

 

À boire ou à garder 

De moins en moins de personnes ont la patience et l’espace pour faire vieillir du vin en cave. C’est vrai aussi pour les restaurants, dont plusieurs ont vendu leurs vieux millésimes pendant la pandémie. Pour Julien Dellaporta, le Crozes-Hermitage est accessible en jeunesse. Sur ce terroir du Rhône, la syrah est éclatante d’arômes de fruits. Elle exprime des parfums de violette et de poivre blanc reconnaissables. Quant aux amateurs plus patients, ils ne seront pas déçus de laisser leurs Crozes-Hermitage en cave quelques années, soutient le sommelier du Laurie-Raphaël : « Si on a la possibilité d’avoir un millésime plus évolué, on peut faire des accords encore plus intéressants, précise-t-il. On peut même l’accompagner d’un fromage. » Après une dizaine d’années en cave, les tannins de la syrah seront mûrs et plus soyeux. Et comme il le dit, le plus difficile est moins de trouver le bon accord... que d’attendre avant de le boire. Et il parle avec expérience !  

Icone vins crozes-hermitage